LA POLITIQUE RUSSE DE LA FRANCE

Janvier 2016 : Alors Ministre de l’Economie de François Hollande, Emmanuel Macron plaide lors d'une visite à Moscou pour une levée rapide des sanctions imposées par les Occidentaux à la Russie, en lien avec la crise ukrainienne.

Début 2017 :  Emmanuel Macron fait valoir sa volonté d'établir un «dialogue souverain» avec les Russes, non dicté par Washington, et de préciser :  «[Parler avec la Russie], ça ne veut pas dire être fasciné par elle, ni oublier que [la France] ne partage pas les mêmes valeurs.»

Mi Avril 2017 : Emmanuel Macron exprime une nouvelle position sur cette question. Dans une interview à Jeune Afrique, il estime que la levée des mesures contre la Russie est progressivement envisageable si la Russie «respecte ses engagements». Il n'est donc plus question de levée rapide des sanctions.

Débat du Second Tour : Emmanuel Macron envoie des signaux d'apaisement en direction de Moscou. Il juge notamment que Vladimir Poutine devrait être autour de la table sur plusieurs sujets de discussion, à savoir les conflits syrien et ukrainiens.

29 Mai 2017 : Réunion Emmanuel Macron-Vladimir Putin à Versailles. Emmanuel Macron propose une discussion" au "format Normandie" (c'est-à-dire réunissant la France, l'Allemagne, la Russie et l'Ukraine) dans les "prochains jours ou semaines" pour éviter "une escalade" des tensions.

27 Juin 2017 : A l’occasion de la réception à l’Elysée de son homologue ukrainien Petro Porochenko, Emmanuel Macron détaille la façon dont il entend aboutir à un règlement durable de la situation en Ukraine. Emmanuel Macron entend placer son action dans le cadre accords de paix de Minsk signés  signés en février 2015 et aujourd’hui au point mort, prévoyant de rendre à l’Ukraine sa souveraineté sur les régions du Donbass dont le contrôle lui échappe et sur la frontière russo-ukrainienne, en échange de l’attribution d’une autonomie accrue aux territoires séparatistes de Donetsk et de Louhansk, soutenus par Moscou. Partant du principe qu’il n’existe pas de « solution préférable », Emmanuel Macron estime que la question posée est uniquement celle de « l’application concrète » des différents points du processus de Minsk. Se donnant « encore quelques mois pour réussir dans le cadre de ces accords », Emmanuel Macron propose un ‘format Normandie entre les Etats parties ou parrains de ces accords. Y seront discutées des « préconditions » qui doivent permettre d’avancer sur l’essentiel : le retrait de toutes les forces armées de part et d’autre de la ligne de front ; la sécurisation de celle-ci par les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ; des échanges de prisonniers ; des évolutions sur la question du « blocus », soit la coupure des liens économiques entre Kiev et les régions séparatistes et la saisie des entreprises ukrainiennes dans ces territoires. En coulisses, Emmanuel Macron  affirme 'qu’on sera exigeants avec les Russes, mais que l’Ukraine doit être irréprochable. En contrepartie, Emmanuel Macron multiplie les signes d’amitié avec son interlocuteur ukrainien, assurant que la France « ne reconnaîtra pas l’annexion de la Crimée » et expliquant « se souvenir d’où l’on vient : l’agression n’est pas ukrainienne ».

Pour éviter que les parties russe et ukrainienne se renvoient sans cesse la responsabilité des combats ou des blocages, M. Macron entend aussi associer plus étroitement l’OSCE aux discussions. Il souhaite que celle-ci soit présente au moins au début des réunions du format Normandie et joue le rôle de « juge de paix ». Le futur rôle dévolu à l’OSCE sera d’ailleurs l’un des premiers tests de la nouvelle « méthode Macron ». Alors que ce dernier a évoqué sa « mission d’observation » de la ligne de front, M. Porochenko a redit sa volonté de voir « une mission armée déployée en permanence sur la ligne de front », une solution systématiquement rejetée par Moscou.

Note

Les intérêts fondamentaux de la Russie et de la France sont beaucoup plus importants que la conjoncture politique actuelle. Le monde des affaires français l’a bien compris puisqu’il continue de travailler activement en Russie : aucune des 500 entreprises françaises implantées n’a quitté le marché russe ces dernières années malgré les difficultés. Mieux encore, l’intérêt des français grandit : l’année dernière, les investissements directs français dans l’économie russe ont augmenté de 2,5 milliards de dollars, tandis que les échanges bilatéraux ont augmenté de 14 %. Et de 23,7 % au premier trimestre 2017.

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